Le furieux prétendant

Le château du Grand-Geroldseck est situé dans la commune de Haegen, à environ une heure de Strasbourg. Le château de Freundstein a lui été construit sur les hauteurs des Vosges, proche du Grand-Ballon, dans le Haut-Rhin.

On raconte que dans des temps anciens, le jeune comte de Geroldseck cherchait à se marier sans trouver de demoiselle à sa hauteur. Se languissant dans son château, il décida de s’aventurer au nord de l’Alsace, en quête de nobles dames.

Les jours passaient et ses visites étaient infructueuses, jusqu’à ce qu’il se rende un jour au château du Freundstein, où il rencontra la fille du seigneur. Il tomba immédiatement sous le charme de la jeune femme et la demanda en mariage. Celle-ci refusa, pressentant combien le jeune homme, malgré son sourire charmeur, était colérique, ambitieux et possessif.

Blessé par un tel affront, il alla voir le père pour négocier la main de sa fille, lui promettant quantité d’or en échange. En vain : celui-ci refusa. Fou de colère, le jeune noble quitta le château comme il y était venu, seul.

Mais le garçon était têtu : une semaine plus tard, aux aurores, il revint accompagné de ses soldats.

« Donnez-moi la main de votre fille ou je la prendrai de force » ordonna celui-ci au seigneur d’une voix autoritaire, en arrivant devant le pont-levis. Du haut de la courtine, le sire de Freundstein lui répondit qu’il ne donnerait pour rien au monde sa fille à un homme fou comme lui, ce qui acheva bien sûr d’attiser la colère de ce dernier.

Geroldseck franchit alors le pont-levis, qui n’avait pu être remonté à temps, et la petite garnison de Freundstein fut submergée par des dizaines de soldats qui s’engouffraient entre ses murs. Freundstein, voyant sa fille prise de terreur, courra avec elle aux écuries. Il monta sur son cheval en la hissant à sa suite et partit au galop pour tenter d’échapper au furieux comte. Mais la cour était déjà assaillie. Impossible de sortir ! Il héla alors son cheval et gagna le chemin de ronde, suivi de près par Geroldseck. Désespérés, la fille et le père sautèrent tous deux dans le vide pour s’écraser un peu plus bas. Le comte, qui avait perdu la tête depuis longtemps, les suivit en poussant un hurlement de bête sauvage.

On raconte que certaines nuits leurs trois fantômes poursuivent leur course interminable, celui du comte poussant des cris diaboliques.