La grotte des nains

A proximité du château de Ferrette, la Gorge-aux-Loups offre un somptueux spectacle avec ses falaises plantées au beau milieu de la forêt. Les rochers de la Heidenfluh auraient servi de décor aux pratiques druidiques des Celtes.

On raconte qu’il y a longtemps, les gorges à proximité de Ferrette étaient habitées. Des nains y avaient élu domicile, logeant dans les cavités au fond de celles-ci. Ces sympathiques créatures étaient dotées d’une jeunesse éternelle et avaient de beaux visages enfantins aux yeux brillants. Leurs petites habitations troglodytes étaient décorées de toutes sorte d’objets en argent.

Appréciés par tous, leur vie était dédiée à l’entraide : ils aimaient faire des cadeaux aux villageois et participaient chaque année aux moissons avec entrain. Les paysans ne manquaient pas alors de les remercier avec un grand festin et ils y étaient reçus en tant qu’invités d’honneur. En somme, ils rendaient la vie plus belle dans la vallée.

Cependant, une chose taraudait certains villageois : les nains, femmes comme hommes, été comme hiver, portaient tous de longues robes. « Pourquoi un tel accoutrement ? », interrogeaient les commères ; les discussions allaient bon train. Bientôt, tous réalisèrent que jamais personne n’avait vu leurs pieds.

Alors, un soir, un groupe de jeunes filles décidèrent de percer enfin le mystère des nains. Sous la clarté lunaire, elles déposèrent une fine couche de sable sur le rocher devant l’entrée de la petite grotte, puis allèrent se cacher derrière des buissons.

A l’aube, alors que les premiers rayons du soleil faisaient briller la rosée et traversaient les feuillages, les nains sortirent un à un de leur grotte, souriant et humant l’air frais matinal. Puis ils se mirent en route, chantant doucement de leurs voix mélodieuses. Les jeunes filles, peu enclines à la poésie, se précipitèrent sur les empreintes qu’ils venaient de laisser dans le sable : des sabots de chèvres ! Elles partirent d’un rire tonitruant, faisant s’envoler les oiseaux alentour. Les nains se figèrent devant un tel affront et rentrèrent aussitôt dans leur caverne. Pour ne plus jamais en sortir.

Leurs richesses ont disparu avec eux et la cavité est vide depuis bien longtemps. Mais qui sait s’ils ne reviennent pas de temps à autre…se demandent encore et toujours les incorrigibles commères de la vallée.