Les femmes louves

Le château du Nideck est perché sur un éperon rocheux, entouré d’une vaste forêt pleine de mystère. L’ensemble surplombe la cascade du Nideck, très appréciée par les randonneurs.

Une sombre légende prend racine dans cet environnement sauvage. On raconte en effet qu’il y a plusieurs siècles, alors que le site était déjà en ruine, celui-ci fut habité par de terrifiantes créatures.

Si l’on en croit ce récit, un nombre croissant de jeunes hommes se désintéressèrent petit à petit des filles des villages environnants, peu importe leur beauté ou leur intelligence. Ces messieurs, blasés, se retranchaient dans le silence et ne leur faisaient plus la cour. Leur aversion se propagea ensuite à toute la population humaine du territoire, à laquelle ils n’adressaient bientôt plus la parole, ni ne daignaient jeter un regard.

Le groupe de marginaux finit par se retrancher dans la montagne. Explorant la forêt, ils parvinrent dans les lieux les plus sombres et reculés, trouvant refuge dans des grottes, revenant progressivement à l’état sauvage. Ils chassaient, tannaient les peaux de bêtes pour s’en vêtir et cueillaient baies et champignons. Un jour qu’ils partaient chasser, le groupe entendit des hurlements plaintifs et se retrouva nez à nez avec une meute tout aussi étrange que la leur : des femmes louves, venues du nord. Celles-ci, sans doute victimes de quelques sortilèges, étaient plus grandes qu’un loup normal et leurs hurlements avaient des intonations humaines.

Les hommes de la forêt furent charmés par leurs sérénades et les prirent pour femmes. De l’union de ces clans naquirent des créatures fortes, aussi terrifiantes que rusées, mi-hommes, mi-loups. Elles se servirent des ruines comme domicile durant plusieurs décennies. Leurs hurlements nocturnes décourageaient quiconque de s’aventurer dans la forêt.

Enfin, un jour où soufflait le vent du Nord, les loups garous quittèrent brusquement les lieux. Depuis, tous les cent ans, ils reviendraient hanter leur lieu de naissance. Gare à qui s’aventure au Nideck ce jour-là !